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N Le NÉCROPHORE ENSEVELISSEUR N U(Nicrophorus humator)U
+ gelée de baies de sureau
Un jour peut-être, je «mourirai».
Cette allégation connue à la conjugaison fautive nous fait chaque fois sourir même ceux dont le grand âge transforme cette aimable hypothèse en immédiate et implacable réalité.
Ces perspectives dégradantes pour l’affect le sont beaucoup moins pour ceux qui vivent autour de cette catastrophe naturelle, pas seulement les croque-morts, les fossoyeurs, les héritiers et ceux qui vous haïssent, mais toute une myriade d’insectes et de bactéries que la Nature a chargé de nous transformer en scories et immondes sanies.
Ainsi dans le bouillon infecte et insalubre d’un piège à frelons négligé jusqu’alors, nous avons remarqué plusieurs fois de grands coléoptères semblant se délecter du jus putride formé par la décomposition des insectes capturés en nombre. Un rapide tour sur notre base de données entomologiques préférée (insectes.net.fr) nous a permis d’identifier notre prisonnier:
Le NÉCROPHORE ENSEVELISSEUR (Nicrophorus humator)
Inutile de vous répéter les caractéristiques physiques de ce magnifique coléoptère tout de noir vêtu ni les conditions dantesques de l’atmosphère des effluves cadavériques entourant cette observation alors que vous trouverez sur le NET d’excellentes descriptions et plus encore. Retenons juste quelques unes de ces caractéristiques piochées à gauche et à droite qui ne vous couperont pas l’envie d’en savoir plus.
Nécrophores ou nécrophages?
Le nécrophage, de quelle espèce il soit, se nourrit des chairs corrompues des cadavres en putréfaction alors que le nécrophore interagit sur les corps morts, les transforme, les conserve, les partage.
Ainsi, notre nécrophore enterre ses trouvailles et ne les dévorent pas sur place.
Taupes, oisillons, mulots, serpents et même hérisson, tout animal de petite taille victime de l’agriculture ou d’autres activités humaines ou non se voit offrir par notre maître de cérémonie funèbre une sépulture digne de ce nom. En quelques heures notre petit cadavre disparaît dans les profondeurs de la terre sans qu’il soit désosser, équarri, découper.
Le caveau
Dans l’ excavation ainsi formée par notre habile croque-mort, la femelle nécrophore dépose des œufs qui ne tarderont pas à donner des larves. Pendant ce temps la dépouille mûrit, se décompose au point de former une sorte de « nem » de purée putride et riche d’éléments nutritifs à l’intérieur duquel les larves se développeront.
Pouilleux
Sans difficultés, on peut voir toute une foule de petits êtres accrochés à la carapace noire du grand insecte. Notre œil attendri y voit comme pour le scorpion ou chez les mammifères : l’opossum, le transport de sa progéniture leur assurant ainsi la sécurité et les bons hospices.
Que nenni ! Les entomologistes nous apprennent qu’il s’agit là d’acariens qui le colonisent en masse, transformant cet élégant croque-mitaine en pire pouilleux semblable à un vieux matelas infesté par des bed-bugs (punaises de lit).
Éthologie
L’Entomologie, science des insectes, englobe la description de leurs comportements considérés comme une suite nominale d’actions un peu comme le programme en KOBOL d’un robot. Nos amis entomologistes FAVRE et LEQUET s accordent à dire que les comportements de notre fossoyeur se rapprochent de la raison car capables d’analyser et d’évaluer une situation difficile et de se faire aider par ses congénères qui, une fois le travail accompli, disparaissent pour laisser le couple vaquer à la reproduction. Mais l'intelligence ne fait pas tout : pour raisonner il faut être raisonnable ...
En autre, le cannibalisme semble être une des solutions trouvées à la surpopulation ou l’usure du temps des anciens :
Notre animal est capable de réguler la population de ses larves en les mangeant si la ressource se fait rare.
Tout aussi cruel, lorsque la fécondité baisse et le vieillissement empêche le bon déroulement des tâches induites, les ‘collègues’ démembrent l’incapable et en font un festin.
Heureusement que nous sommes loin de tout çà. Quoique, pour éviter les vicissitudes de la vieillesse (sénilité, cécité, gâtisme, impotence, incontinence) et des frais pour la communauté, Favre nous dit que certaines peuplades offraient à leurs parents âgés un mortel coup de massue en guise de funeste indemnité de départ à la retraite. La décision présidentielle unilatérale d’augmenter l'âge de la retraite et prochainement les propositions d’aide à la fin de vie pourrait boucler la boucle (y a pas de petites économies) et reconnaître à l’humanité au moins l’intelligence d’une fourmi.
C’est ainsi qu’on pourrait parler d’éthologie, science du comportement animal, au sujet de notre croque-mort.
Gelée DE BAIES DE SUREAU
L année dernière si sèche et si chaude n’avait rien donné sur les sureaux sinon des corymbes racornies sur lesquels s’accrochaient des baies noires et dures comme des grains de poivre.
Heureusement, cette année un peu partout les sureaux ont donné en abondance fleurs et fruits pour notre régal.
Avertissement
Soyez surs de ce que vous cueillez. Le sureau comestible est un arbuste qui pousse en hauteur par conséquent délaissez les baies qui sont à moins d’un mètre du sol qui pourraient être très toxiques.
Les corymbes de sureau (on dit aussi les ombelles) penchent vers le sol, pas les autres.
Enfin, ne mangez pas les baies crues car elle sont laxatives ! Et donc , il est important de bien les faire cuire dans vos préparations.
Cueillette et égrainage
Lorsque qu’elles sont à point nos baies sont presque noires et luisantes gorgées d’un jus violet très tachant. Chaque arbrisseau a son propre rythme de production suivant où il pousse mais généralement les baies mûrissent entre la fin août jusqu’à mi-septembre.
On peut alors égrainer les corymbes directement sur l’arbre en les peignant avec les doigts faisant ainsi tomber les baies dans un récipient ce qui permet de récupérer les fruits parfaitement murs et de laisser sur l’arbre ceux encore verts fermement attachés à leur tige. C’est long et facétieux mais cela laisse leur part aux oiseaux qui ne manqueront pas d’engloutir ce surplus une fois mûr en moins d’une semaine. Portez des gants fins de bricolage et des vêtements usagés et sombres car les baies tachent énormément la peau et les tissus.
Bon, si votre sureau est couvert de fruits cueillez les corymbes entières à votre portée avec un sécateur à fleurs et égrainez-les chez vous avec un fourchette si besoin. Les baies inaccessibles suffiront au régal des oiseaux et vous gagnerez du temps pour la suite.
Une fois les baies récoltées rincez-les bien. Certain recommande de l’eau vinaigrée pour ce rinçage qui semble une bonne idée.
A ce stade, si la récolte est abondante vous pouvez en congeler une partie.
Ce stock vous permettra de faire d’autres confitures, du sirop et même de l’encre violette.
La recette
Allez c’est le moment tant attendu, fini le verbiage.
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Mettre à cuire les baies pendant 10 minutes pour les faire éclater
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Passer le jus au moulin à légumes grille fine pour récupérer le jus et éliminer les graines
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Rajouter le même poids de sucre ou moins selon la qualité.
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Faire cuire au minimum 5 minutes avec un sucre spécial confiture, 1/2 heure avec du sucre normal.
Voilà, c’est tout. Ensuite , il y a tout une série d’ajustement à faire en fonction du résultat.
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Ajoutez de l’agar agar si votre gelée ne prend pas
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Évitez de «cramer» votre confiture avec un feu trop vif
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Ébouillantez vos pots et faites les refroidir tête en bas
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etc … etc...
Ah oui, les proportions minimum pour 1 kg de jus de baies:
700 grammes de sucre
Mince, on a failli oublier les bienfaits des baies du sureau. Il semble qu’elles aient des vertus protectrices contre les maux de gorge et une quantité de vitamines indispensables pour affronter l’hiver selon mult sites.
Mais sa gelée est surtout bonne dans un yaourt nature ou sur une tartine de pain grillé (sinon à quoi ça sert?). Le gout rappelle celui de la mure avec une forte note "beurrée".
Tags : baies, sureau, croque mort, nécrophore
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