Le retour de Messire DU GUESCLIN à BROONS             

Le retour de DUGUESCLIN

Saviez vous que Broons était le lieu de naissance du célébrissime Bertrand DUGUESCLIN, connétable de France au milieu du 14éme siècle ?

Une véritable œuvre d’art sous la forme d’une statue de plusieurs quintaux tout en bronze a été inaugurée récemment. L’artiste (Patrick Berthaud) a représenté ce héros un genou a terre, son arme préférée, la hache double, posée à ses cotés en signe de soumission et le visage déformé par une colère et une agressivité contenue. On dirait bien que le sculpteur se soit inspiré de cette scène où notre tout jeune Bertrand lors d’un tournoi après avoir vaincu tous ses adversaires se retrouva en face de son père lui-même en lice. Bien que le père et le fils soient fâchés, Bertrand déposa son arme devant son géniteur et dévoila son identité en ôtant son heaume, mettant fin ainsi à leur brouille.

C’est ainsi qu’il se présente devant nous, ses amis mais aussi ses ennemis d’hier et d’aujourd’hui.

Noir, difforme et laid

 « Dat virtus quod forma negat »

 la vertu apporte ce que l’apparence refuse. 

vitrail de l'église Saint MALO à DINAN

Le connétable DU GUESCLIN

Les chroniqueurs de l’époque n’ont pas épargné notre costaud. Ainsi on apprend qu’il était noir comme un sarrasin dont il revendiquait une parenté royale. A sa naissance, on a dit qu’il n’y avait pas plus laid bébé à l’ouest de Rennes. Des épaules démesurées, des jambes courtes, une petite taille, cette description faite penser au diable de Tasmanie (Taz) plutôt qu’à un humain.

Détail de la statue de DU GUESLIN sur la place du même nom à DINAN

Voici un portrait dans son jus d’époque : 

"Quand ils furent tous remontez auprès d'elle, ses belles sœurs étudiant la mine de Bertrand, dont elles avoient tant entendu parler, s'entretinrent sur son chapitre; l'une d'elles, toute étonnée de son extérieur ingrat et de son air tout disgracié, ne put s'empêcher de dire 

Mon Dieu qu'il est laid!

est- il possible que cet homme ait acquis dans le monde une si grande reputation ? La seconde repondit qu'il ne falloit pas juger des gens par les apparences, et qu'il luy suffisoit qu'il fut brave, intrepide, heureux, et sortant toûjours avec un succés incroyable de toutes les expeditions qu'il entreprenoit. La troisiême encherit encore sur la seconde, en faisant remarquer aux deux autres qu'il étoit d'une taille robuste, qu'il avoit les poings gros et quarrez, qu'il avoit la peau noire comme celle d'un sanglier, et qu'on ne devoit pas s'étonner s'il en avoit aussi la force et le courage."

 L’artiste aura rendu à notre ancêtre l’aspect acceptable d’un conducteur de voiture de sport afin que les enfants et les oiseaux de désertent pas par peur la place où il est installé.

Brutal et rusé

Les parents du jeune Bertrand ne savent plus comment le prendre tellement il est agressif et bagarreur. Il bat ses frères et adore se mesurer aux gars du coin si bien que son père décide de le coller au pain sec dans une pièce à part du château familial dont il s’échappe en tabassant la cuisinière qui lui apporte sa pitance (Cf Guyard de BERVILLE, histoire de Bertrand ...).

Colonne commémorant l'emplacement de la maison natale de Bertrand DU GUESCLIN

Plus tard il démontrera des grandes aptitudes au combat singulier mais aussi à manœuvrer une armée par de nombreuses victoires souvent acquises par ruse car il est soucieux d’économiser la vie de ses hommes.

Double « traitour » et loyal vassal

A la mort de Jean Duc de Bretagne en 1341, 2 prétendants à sa succession s’opposent :

Jean de MONTFORT allié aux Anglais et Charles de Blois, mari de Jeanne de Penthièvre dont Bertrand est le vassal, du « camp des lys », c'est-à-dire soutenu par le roi de France.

Par la force des choses, notre héros se trouve être contre les anglais qu’il vomit. Ces derniers le surnommeront « le chien noir de Brocéliande » en référence à sa couleur de peau et au lieu à partir duquel il menait ses attaques.

Montfort essaye tant bien que mal de rallier la population à sa cause en organisant le sentiment d’appartenance à une identité bretonne (un Breizit avant l’heure) et le dénigrement du connétable devenu alors ar traitour (un traitre) à cette cause.

Plus tard, Montfort de retour d’exil en Angleterre débarque à Dinard sans que  Bertrand n’intervienne. Le connétable est alors accusé de traitrise par les français pour avoir servi les intérêts de la perfide Albion en ne s’opposant pas au retour de leur allié.

Il restera fidèle et loyal vassal de sa seigneurie Jeanne de Penthièvre en stipulant dans chacun de ses engagements que la primauté de ses actions serait auprès du Penthièvre si le besoin s’en faisait sentir.

C’est ainsi ce que supportent ceux dont l’Histoire retient le nom face à des détracteurs sans succès ni avenir.

Chapelle de la basilique Saint SAUVEUR à DINAN où est déposé

l'urne contenant le cœur de DU GUESCLIN 

Voici que l’on s’écarte de l’actualité pour les profondeurs de l’histoire. Celle de DUGUESCLIN est foisonnante et vous trouverez un nombre incroyable de chroniques d’époque, de biographie et d'ouvrages passionnants sur ce personnage très complexe vivant dans un contexte compliqué et mouvementé à l’aube de l’organisation des nations.

Bertrand faisant la tête à la sortie de chez son coiffeur.

NB : La coupe au bol dite « coupe DUGUESCLIN » n’est pas une vérité historique. Les portraits de lui sont avec les cheveux très courts (lol).