Le sphinx à Tête de MORT                                   

Un soir d’automne proche de la TOUSSAINT (halloween), occupé à ranger des ustensiles de cuisine laissés à sécher sur l’évier, je remarque au fond d’un des bacs une forme velue que j’ai prise un instant pour une souris crevée venue mourir là d’épuisement à vouloir sortir des parois lisses et froides en inox.

Telle fut ma surprise quand je voulus manipuler cet être qui fut agité brusquement de vibrations, tel un petit mécanisme maléfique qui détend un invisible ressort. Des ailes avaient poussé à ma souris crevée et je découvrais un énorme papillon au monstrueux abdomen jaune comme du souffre, aux yeux gélatineux et qui geignait en un abominable couinement.*

(*) Aux dernières nouvelles, ce couinement qu'il fait en frottant une partie de son abdomen lui permet d’émettre une fréquence qui viendrait perturber la réception des ultrasons émis par les chauves-souris.

Comble de l’horreur, une tête de mort, oui, un crane humain était dessiné sur son dos.
La répulsion me fit faire un mouvement en arrière si bien que je faillis tomber sur mon postérieur.
Mes esprits retrouvés, je compris que j’avais affaire au plus gros papillon de nos contrées : le SPHINX a TÊTE DE MORT.

Ce papillon est un grand migrateur : il vient d’Afrique du nord, traverse la Méditerranée et remonte si le temps le permet, jusqu’en Finlande.

Il se nourrit de miel et adore les feuilles de pommes de terre sur lesquelles il pond ses œufs et où son énorme chenille verte et jaune se développera. Puis, elle s’enterrera et assurera sa métamorphose en un gros papillon.

A nos latitudes, son invasion est vouée à l’échec car il mourra aux premiers gels.

Pas étonnant qu’il soit venu trainer dans le coin, le potager avec ses patates est à 2 pas et un essaim d’abeilles noires de Bretagne est venu s’installer dans la cheminée. Il peut rentrer dans une ruche, et se gaver de miel sans que les abeilles ne le remarquent. On dit qu’il a le pouvoir de se rendre invisible aux abeilles.

Ce spécimen est sans doute la deuxième génération, celle-là même qui est née ici il y a peu et qui ne connaitra pas la grande migration printanière de l’Afrique vers l’Europe. Elle s’éteindra, saisi par le froid sur la terre qui l’a vu naitre.

On connaît cet insecte depuis qu’il existe, bien que rare dans nos régions à cette époque de l’année. Un sphinx à tête de mort dans une maison, en plus un jour de Toussaint, c’est le plus mauvais des présages. La mort (l’Ankou) rode.
Une seule solution pour conjurer le sort : surtout ne pas parler de cette « visite ». Ceux qui en parlent pourraient bien le regretter et ceux qui les écoutent aussi…. Vous voilà prévenus AAHahahahahaha !